lundi 14 janvier 2013

L'Outback australien


Samedi  5 janvier, nous reprenons la route direction Uluru. Nous disons au revoir aux côtes du Queensland avant de rentrer dans l’Outback. Nous faisons un 1er arrêt à Charters Towers, ville que nous avions tant appréciée lors de notre 1er passage. Cette fois encore, la ville nous séduit. C’est probablement la ville du bush que nous trouvons la plus agréable à vivre.

Nous quittons Charters pour rentrer dans l’Outback et emprunter des routes que nous ne connaissons pas. Nous traversons une multitude de petits villages perdus au milieu de milliers d’hectars. A 900 km des côtes, nous arrivons à Mount Isa. Cette ville de 23,550 habitants ne doit son existence qu’à son activité minière qui a fait la richesse de la ville. Nous profitons d’un point de vue qui surplombe la ville pour déjeuner. Nous découvrons alors une ville de taille conséquente avec le néant autour d’elle, tel le plateau d’un jeu de société dans lequel nous tournons en rond sans possibilité d’en sortir.


Nous continuons la route et arrivons après 200 km à la frontière du Northern Territory. Nous quittons définitivement le Queensland pour un territoire beaucoup plus aride. Le soleil cogne plus fort et les mouches semblent être le peuple dominant de cette région. La végétation est très différente ; broussaille et arbustes représentent le décor principal des routes que nous traversons. La couleur est majoritairement jaune paille. Nous avions décidé de faire un arrêt à Avon, 1er ville du territoire pour y passer la nuit mais nous changeons vite d'avis. Cette ville qui ressemble davantage a un lieu-dit est déserte et nous décidons de continuer notre route tant que le soleil n’est pas couché.




Nous traversons alors d’autres aires de repos dans des villes que même notre GPS ne connait pas, pour dire ! Nous trouvons enfin une aire de repos en bord de route. Il n’y a pas de toilette, ni d’eau potable. Nous avons le désert à perte de vue et toujours cette colonie de mouches qui nous suit. Nous nous sommes d’ailleurs équipés de filet à mouches à poser sur notre tête pour 8$. Certes, nous ne lancerons pas de mode avec cet accessoire mais nous serons libérés de ces mouches qui prennent un malin plaisir à venir se cogner contre toutes les parties de notre visage : les lèvres, le nez, les yeux et les oreilles. Alors pour ne pas en gober une ou virer fous, nous préférons mettre nos magnifiques filets sur la tête ! 


Et puis, les mouches finissent par s’en aller à la tombée de la nuit pour laisser la place aux papillons de nuit qui viennent par centaines se coller à la vitre de Mickie, et nous avons toujours ces milliers de fourmis sur le sol jour et nuit ! C’est ça la vie de nomade dans l’Outback.

Lundi 7 janvier, nous arrivons à Tennant Creek, ville de 3,500 habitants, dont 2,000 aborigènes. Malheureusement, nous découvrons un peuple aborigène déracinés et totalement désœuvrés qui errent dans les rues de la ville ou sont assis par petits groupes de 3 ou 4 sur les trottoirs, pieds nus. L'Histoire raconte que de 1909 à 1969, l’Australie aurait pris des enfants des tribus aborigènes pour les placer dans les orphelinats des grandes villes et ainsi les intégrer progressivement à la population australienne mais ce fut un échec et aujourd’hui, c’est avec un certain malaise que nous découvrons ce peuple délaissé, encore surnommé aujourd'hui "génération volée". Les australiens ne les ont pas intégrés, toutes les administrations sont tenus par des blancs et les boutiques sont toutes grillagées comme si elles étaient fermées. Trop loin de leur culture, ce peuple déraciné n’a pas non plus réussi à retourner auprès de leurs siens dans leur tribu initial. 



La température est montée à plus de 40 degrés, nous décidons de passer quelques heures à la bibliothèque pour y trouver un peu de fraîcheur avant de reprendre la route pour aller voir les devils marbles au coucher du soleil.

Les devils marbles (= les billes du diable) sont une collection gigantesque de rochers en granite arrondi. Elles ont été formées par des fusions de roches qui se sont refroidies et sont devenues des solides au dessus d'une couche sablonneuse. Pour le peuple aborigène, les devils marbles sont les oeufs du serpent arc en ciel. Nous avons eu beaucoup de plaisir à découvrir leur splendeur.





Le soir nous décidons de rester dormir au Caravan Park de Devils Marbles afin de profiter de la piscine ! Si jusque là, nous étions adeptes de aires de repos gratuites, je dois bien avouer que dans cette partie de l'Australie très aride en plein mois de janvier (mois le plus chaud de l'année), nous avons décidé de s'accorder un budget "camping" nécessaire à notre survie !

Mardi 8 janvier, nous reprenons la route et après 390 km, nous arrivons à Alice Springs. Cette ville de 21,622 habitants n'est pas très grande et pourtant nous la retrouvons toujours citée avec les autres grandes villes d'Australie. Alice Springs doit avant tout sa notoriété à Uluru. A seulement 462 km du grand rocher, la ville a tout misé sur le tourisme et l'art aborigène. Nous empruntons une des rues principales de la ville qui abrite plusieurs galeries d'art aborigènes tenues par des blancs tandis que les aborigènes eux-mêmes sont installés dans la rue et vendent leur création sous un soleil de plomb ; désolant !


Le soir, nous nous arrêtons à un roadhouse à 100 km d'Alice Springs, devenu très populaire grâce à l'un de ses occupants, Dinky, un dingo domestiqué ! Quand nous arrivons, nous découvrons un lieu laissé quelque peu à l'abandon. Les propriétaires, un couple septuagénaire d'origine anglaise montrent clairement leur attention de vendre leur commerce malgré leur gentillesse. L'homme est très fier de son animal et alors que David est en train de régler notre nuit, il me présente Dinky en me demandant de ne pas le toucher. Il me dit que Dinky est très célèbre. En effet, domestiqué un dingo est plutôt rare, d'autant que Dinky est connu pour ses talents musicaux. Apparemment  il chante et joue du piano avec son maître mais nous n'aurons pas la chance d'assister à un concert privé. J'apprend aussi que l'animal a déjà 13 ans !

Mercredi 9 janvier, nous quittons le roadhouse pour Kings Canyon mais au moment de partir, la femme nous informe que la route vers Kings Canyon est actuellement fermée en raison d'incendies qui se sont déclarés. Les températures atteignent 47 degrés et les vents sont brûlants ! Nous décidons alors de nous rendre directement à Uluru. La route qui nous amène  à Yulara, cette petite ville créée sur mesure pour accueillir les visiteurs, offre un décor désertique ! En chemin, nous découvrons le Mount Connor que certains confondent avec Uluru. A une trentaine de kilomètres de Yulara, nous apercevons enfin Uluru et déjà à cette distance, c'est impressionnant. Au milieu de plaines totalement désertes, apercevoir cette immense rocher nous soulève le coeur ! 

Nous arrivons dans la petite ville de Yulara qui n'est autre qu'un grand complexe touristique avec  des hôtels, des campings, un supermarché, la Poste, quelques boutiques, des bars et un poste de police. Nous réservons un emplacement pour 2 nuits au Ayers Rock Camping et la femme de la réception nous offre la 3ème nuit gratuite. Le camping est rempli au quart. Uluru est moins visité en été en raison des températures très élevées. C'est bientôt la fin de journée et nous avons très envie d'admirer le coucher de soleil sur Uluru alors nous partons en direction du Parc National à 4 km de Yulara. Après avoir payés l'entrée, 25$ par personne pour 3 jours, nous empruntons la route en direction du point de vue avec le majestueux Uluru face à nous !

Au point de vue réservé aux voitures seulement, les bus étant arrêtés à un autre point, nous entendons de nombreuses voix françaises  C'est la 1ère fois que nous nous retrouvons parmi autant de nos compatriotes. Après s'être revêtu de son plus belle habit du soir, Uluru nous offre un spectacle époustouflant. Le soleil qui se couche doucement sur lui, met en valeur toute sa beauté et fait ressortir ses plus belles couleurs orangées.


Le lendemain matin, nous nous levons très tôt pour admirer le levée du soleil sur Uluru à un autre point de vue du Parc, puis nous décidons de faire la balade qui fait le tour de ce grand monolithe. Nous avons pris 8 litres d'eau avec nous, on est jamais trop prudent ! Nous marchons sur plus de 10 km de sentier, nous permettant d'admirer toute la splendeur d'Uluru qui est en fait un inselberg (île montagne). Il s'élève à 348 mètres au dessus de la plaine. Seulement un tiers de sa surface est visible. Site sacré pour les aborigènes, certains parties d'Uluru ne doivent pas être photographiées car ils sont les lieux de cérémonies pour les Anangus qui ne veulent pas que l'on diffuse ces images au monde. On y découvre également des peintures rupestres d'une grande importance culturelle.




Nous terminons cette balade vers 11h30 et déjà le soleil cogne très fort. Nous rentrons alors au camping afin de nous rafraîchir dans la piscine. Le vent est si chaud qu'il nous brûle la peau, on enfile rapidement nos maillots de bain et c'est avec un plaisir presque jouissif que nous plongeons notre corps dans l'eau ! Nous y resterons jusqu'à ce que le soleil se couche et nous permette de revivre !

Vendredi 11 janvier, nous nous levons une fois de plus très tôt pour visiter Kata Tjuta, autre site sacré du Parc à une cinquantaine de km d'Uluru. Kata Tjuta qui veut dire "plusieurs têtes" en aborigène est très impressionnant. Nous ferons 2 balades à travers ces formations rocheuses nous offrant des panoramas magnifiques. Mais déjà la chaleur du soleil devient insoutenable. Nous retournons au centre culturel pour profiter de la fraîcheur du lieu et en apprendre davantage sur la culture des aborigènes. Il est très difficile, voir impossible de rentrer en contact avec eux malgré le fait qu'ils semblent vouloir nous apprendre des choses sur eux.  Un reportage sur leurs rituels est diffusé au centre. C'est le peuple le plus ancien au monde. La terre d'Uluru leur a été rendue en 1985, ils en sont donc propriétaires et louent leurs terres afin de rendre accessible Uluru à plus 400,000 visiteurs qui viennent voir le grand rocher chaque année. A la boutique souvenir, je me laisse tenter par l'acquisition d'une teinture représentant la cérémonie des mâles.



Samedi 12 janvier, nous quittons Yulara direction Kings Canyon. La route a été réouverte. Arrivés à quelques km du canyon, nous découvrons un paysage apocalyptique. Des dizaines d'hectars ont été brûlés. L'incendie s'est propagé jusqu'aux portes du camping. Celui-ci est fermé jusqu'au mercredi et nous apprenons à ma très grande déception que la Kings Canyon Rim Walk, la balade qui surplombe les canyons et que je voulais absolument faire est également  fermée en raison des très fortes chaleurs. En guise de consolation, nous nous rabattons sur le petite balade qui offre malgré tout, un très joli point de vue sur les Kings Canyon.




C'est sur ces dernières belles images que nous quittons le centre de l'Australie et ses grosses chaleurs que nous avons de plus en plus de mal à supporter. La route du Centre nous aura gâtés par sa faune. Nous aurons fait la rencontre d'animaux sauvages : plusieurs familles de varans, un kangourou des roches que David en reporter de l'extrême essaiera de suivre malgré la chaleur, des dromadaires sauvages et des vaches qui traverseront la route juste devant Mickie, nous faisant monter le palpitant à 100, des chevaux, des émeus ou encore des aigles sur le bord de la route. Et puis, ce sera aussi pour nous l'occasion d'assister un phénomène très étrange qui consiste à laisser se désagréger des carcasses de voitures tout au long de la route !





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